Le gramophone

Cette année, nous avons décidé de programmer une personnalité émergente de la danse contemporaine : Yann Marussich. Programmé cette saison à la Bâtie et aux journées suisses de danse contemporaine, son dernier travail suscite un intérêt croissant au sein de la communauté internationale de la danse contemporaine. Il a depuis lors été invité à se produire dans de nombreuses villes d’Europe et se prépare à tourner son spectacle Bleu Provisoire dès l’Automne.

Il nous paru important de le programmer dans ce cadre pour des raisons artistiques, mais également pour des raisons de cohérence vis-à-vis du projet du Festival Local. Yann Marussich est un des initiateurs du Festival Local et en a été un parrain pendant les deux dernières édition. Il a donc suivi bénévolement le travail des jeunes danseurs. Trop occupé maintenant pour continuer ce travail de suivi, sa présence et son professionnalisme pourront se transmettre directement dans la pratique de la scène. Les jeunes côtoyeront ainsi un professionnel dans les coulisses, après le spectacle et pendant le montage technique. Le public bénéficiera également d’un programme dont la qualité sera plus diversifiée. Nous pensons que cette ouverture sur un travail plus « avancé » peut être un atout en terme de dynamisme et de fréquentation du festival.

Ce travail est une commande dans le cadre de la programmation suisse à Paris pour le festival Batofar. Intéressé par le spectacle Bleu provisoire, les programmateurs ont proposé à Yann Marussich de créer une performance spécifique au lieu : un bateau amarré sur les quai de la Seine. La performance rompt, comme c’est souvent le cas, le rapport frontal scène-salle et les spectateurs seront placés debout.

Dans la première partie de la performance, un acupuncteur placera des aiguilles, traçant un dessin sur le corps du danseur. Cette phase, non douloureuse, ne porte pas atteinte à l’intégrité du performeur et ne cherche pas à le faire.

Le danseur se déplace ensuite très lentement en direction d’un phonographe placé à l’autre extrémité de l’espace. une fois parvenu à destination, il « jouera » du phonographe : à l’aide d’une aiguille de phonographe placée dans sa bouche, il suivra les sillons d’un disque 78 tours (plus larges que les sillons des 33 tours). Son corps fera alors caisse de résonance et l’on devrait entendre de la musique.

La difficulté du travail réside dans le rapport à la lenteur (poétique caractéristique de Yann Marussich), dans la complémentarité établie entre l’homme et la machine (l’homme et la machine émettent de la musique, et d’où vient cette musique ?).

Yann Marussich travaillera en collaboration avec Yann Gioria pour la bande sonore et la pratique du son (même collaborateur que pour Bleu provisoire) et avec un acupuncteur professionnel.